samedi 9 juillet 2016

Nassib Lahoud.


Nassib Lahoud.
Je ne sais pas pourquoi, je me suis soudain rappelé de toi. Peut-être parce que je n'attends plus, même une petite victoire de cette soi-disant République.
Parce que je ne fais que compter nos défaites face aux professionnels de la politique et de la religion. Ceux qui se sont appropriés notre présent après avoir détruit notre passé et qui tiennent en otage notre avenir.
Ceux qui nous ont fait bouffer la poubelle pendant presqu’un an. Qui ont usurpé tout ce qui était domaine public, de la mer jusqu’à la montagne. Des décharges jusqu’aux carrières. Ils ont rogné les collines et déversé leurs vomis dans la mer… … …
Peut-être aussi, parce que j’ai entendu un enregistrement de Michel Rocard quelques semaines avant sa mort qui disait que « le sens de la vie est le respect qu’on lui porte. » Et que je n’ai plus de respect pour la vie de ceux qui nous gouvernent ni de ceux qui nous indiquent la direction du ciel.
نسيب لحود.
لا أعرف لماذا فجأة تذكرتك. ربما لأنني لم أعد أتوقع حتى انتصارا صغيراً لما يسمّى جمهورية. لأنني لم أعد أعرف الّا عدّ الهزائم بمواجهة محترفي السياسة والدين. أولئك الذين استولوا على حاضرنا بعد أن دمّروا ماضينا وارتهنوا مستقبلنا. أولئك الذين أطعمونا القمامة لحوالي السنة. واستولوا على املاكنا العامّة، من البحر إلى الجبل. من مكبّات النفايات حتى المقالع والكسّارات، نهشوا جبالنا وتقيّؤوا في بحرنا... ... ...
ربما أيضا، لأنني سمعت تسجيلاً لميشيل روكار بضعة أسابيع قبل وفاته، حيث قال أن "معنى الحياة هو الاحترام الذي نكنّه لهذه الحياة".
ربما لأنه لم يعد عندي أي احترام لحياة أولئك الذين يحكموننا وأولئك الذين يدلّوننا أين توجد السماء.

samedi 27 février 2016

Tout est question de traces (Apple key and Equation, 2012)

Le dévoilement de la mémoire peut être une thérapie par le souvenir. C’est une sorte de distraction par l’art afin d’oublier la « question », la vraie et apaiser la véritable angoisse. Dans toutes ses formes, l’art est une échappatoire au tragique par le tragique. 
L’artiste qui cherche à « dire » se perd dans ses dires. Et l’image ne dira que si elle est extirpée de qulelque coin de la mémoire. On a beau réfléchir, l’image ne revient pas. C’est sa trace qui répond. Le sillon qu’elle a creusé renvoie sa cicatrice. Mais, les cicatrices réveillent toujours les blessures. On se croit guéri, mais la démangeaison est là, persistante.
Alors, je monte les symboles et les symboles montent l’œuvre. Je suis dedans. Déçu de l’art auquel je voulais soutirer des réponses. Déçu de la peinture comme acte d’existence. 
Je descends par étape. De déception en déception. Le salut que j’ai longtemps cherché a disparu et je n’ai que la surface angoissante du vide comme seule image.
Je rassemble des mémoires instantanées desquelles je fais resurgir d’autres plus anciennes. Je confronte les événements. J’invente des traces. Je colle des draps. Du papier, des cartes, du bois et du tissu. De la paille et des cailloux. Du sable et de la terre. Du « tout ».
J’assemble ou cumule, comme on cumule des instants, a priori dispersés.
J’assemble les cicatrices du quotidien. Le mien et celui des autres. Et les banalités du hasard deviennent une réalité de rencontre.
Mon œuvre est une banale affaire d’existence quand le dernier souvenir devient le premier.
La question que je pose se résume en une interrogation sur la mémoire : « Est-elle soluble dans l’instant présent ? Ou bien est-elle en opposition permanente avec d’autres mémoires parallèles ? Ce qui est le cas de beaucoup d’entre nous qui ne se sentent pas d’appartenance. Chacun de nous est un humain-type mais avec une ou plusieurs mémoires spécifiques. Les symboles sont aussi personnels que la fin d’un rêve matinal.
La matière se cherche ou se trouve, mais elle est toujours puisée dans le quotidien. Là, tout juste maintenant, je suis.

lundi 15 février 2016

On reprendra. Ghassan


On allait vers les GRANDS DÉBATS, tu nous a remis au seul. On reprendra un jour.
13/02/2016

Faro

Lettre que j’espère non posthume de Faro à M. Ghassan Ghazal - 3/10/2015
Cher monsieur Ghassan Ghazal
J’ai eu l’honneur de vous connaître dans des conditions, que je qualifierai de confuses. Nous avions essayé de communiquer, chacun à sa façon.
Moi, par un bêlement à peine audible. Ma timidité est maladive. Et vous, par un tapotement et quelques frottements sur mon dos. Suivis par l’arrachement de ma laine protectrice, avec un outil non adapté. Une lame émoussée qui arrachait plutôt que raser.
Et puis avec des formules magiques apposées sur mon dos dénudé par vos soins et par les soins de certains de vos invités, j’étais soumis à l’agression des regards de badauds qui voyaient en quelques sortes mon intérieur. Le foie, cru. Le filet, tendre. La cervelle dans un « nifa ».
J’avais cru que les points sur mon dos étaient l’incrustation des étoiles ou au moins, leurs reflets, mais on m’a fait constater que c’était la langue des malvoyants. Et les étoiles étant très loin, sont insaisissables. Et elles ne sont jamais noires. Ni aussi bien rangées. Choses que j’ignorai.
Est-ce mon crime ?
J’avoue ne pas avoir compris sur le tas. Pourquoi ce rituel infligé à une « personne » aussi gentille que moi. Surtout que quelques jours plus tard, vous m’aviez emmené dans une foire dans laquelle c’était moi la vedette que tout le monde voulait rencontrer.
Bref
Il paraît qu’il y a quelqu’un, quelque part, en train de bien aiguiser un couteau et qu’il prépare un grand festin.
Est-ce vous M. Ghazal ? Vous pouvez le nier. Alors ce sera votre « frère ».
Moi, je ne vais pas participer au vote. D’ailleurs, c’est moi l’objet.
Et peu importera l’issue du vote, je regretterai toujours le moment où vous avez décidé, vous, humains, d’associer Dieu au Deuil.
Adieu frère.
N.B.
Cette lettre vous sera remise par notre ami commun, bourgély. Ce sera une sorte de testament.